Après plus de quatre heures de travail, samedi, les 25 bénévoles ont dressé le bilan de la matinée : 150 arbres plantés, et un kilo de boue sur chaque semelle. « On avait prévu cette journée, on l’a fait », lance Emmanuel Cardon, secrétaire de l’association Forêt Sèche Mont Vénus, en direction de ses partenaires couverts de terre. La pluie incessante de la semaine dernière a rendu le parc du Mont Vénus, un flanc de colline très pentu, particulièrement boueux et glissant, compliquant le travail des bénévoles. C’est à travers ce genre d’actions qu’au fil du temps, les sentiers du Mont Vénus se voient débarrassés des mimosas et des bambous au profit de la forêt sèche. Un travail entamé il y a vingt ans par Francis Funel, lorsque cet habitant de la rue René-Coty, qui longe les sentiers, décide de planter quelques arbres de Judée sur la crête. Depuis, à grand renfort de bénévoles, 1,5 ha de forêt sèche a pris possession de la colline. « La surface totale atteint 4,5 ha », ajoute Emmanuel Cardon. Il faudra encore de nombreux coups de pelle et de pioche pour venir à bout des espèces invasives qui cachent en partie la vue panoramique sur la baie de l’Orphelinat. Mais, déjà, les adhérents de l’association sont fiers de leur réalisation. Et pour cause, trois sentiers parallèles traversent désormais une nouvelle végétation, agrémentés d’escaliers en rondins. Et relient même la rue Coty et les rues Zola et Hugo, en contrebas.
Hausse de fréquentation pendant le confinement
Un tracé dont la fréquentation a, comme pour d’autres*, explosé lors de la période de confinement. « Les gens ont découvert cette forêt, assure Francis Funel, président de l’association. Ils venaient s’y balader pour trouver un peu de verdure. » « Je pense que la plupart ne soupçonnaient même pas qu’il y avait quelque chose au milieu de cette forêt », poursuit Emmanuel Cardon. Résultat, l’association Forêt Sèche Mont-Vénus est passée de 50 à 100 adhérents en l’espace d’un mois.
Des amoureux de la nature qui devraient accélérer la mue du site. Mais quel que soit le nombre de bras à disposition, l’association reste limitée dans la réalisation de ce qui doit devenir « un parc aménagé ». Pour ce projet à long terme, les cadres de l’association en appellent à la municipalité. « Pour des infrastructures, type bancs, escaliers, c’est à la mairie de s’en charger. C’est trop de responsabilités pour nous, il y a des règles de construction bien précises à respecter », signale Emmanuel Cardon. D’autant que le terrain aux trois sentiers est une propriété de la ville de Nouméa. « On est des clandestins ici », s’amuse Francis Funel. L’aménagement du site en un parc soulagerait également les riverains de quelques nuisances. Car la notoriété des couchers de soleil au Mont-Vénus apporte son lot de désagréments. « Tous les soirs, ce sont des centaines de personnes qui s’installent rue René-Coty, fait remarquer le secrétaire de l’association. Si c’était aménagé, les gens pourraient venir sur ce site et ne gêneraient pas les riverains. » Car loin d’eux l’idée de garder l’exclusivité du point de vue sur la baie. « On ne veut chasser personne du Mont Vénus. » Certains l’ont bien en tête : depuis quelque temps, oiseaux et papillons y font une halte (lire par ailleurs).
Repères
Accompagnement de WWF
Samedi matin, les bénévoles de Forêt Sèche Mont Vénus ont reçu l’aide d’Hubert Géraux, président de WWF en Nouvelle-Calédonie. Depuis plusieurs années, l’association environnementale accompagne la transformation du parc et y organise des plantations.
Un sans-abri salarié
Depuis quelques mois, l’association du Mont Vénus embauche Roma, un immigré sans-abri. « Il fait un travail formidable. Notre deuxième mission, c’est d’aider cet homme-là », insiste Francis Funel. L’association l’emploie huit demi-journées de 4 heures. « On cherche aussi à lui trouver un hébergement, on est prêt à lui louer un studio », poursuit le président. Une autre raison de s’approcher de la mairie et, pourquoi pas, débloquer des subventions pour rémunérer Roma.
Nouvelle escale de la faune
Pour les oiseaux comme pour les papillons, le tracé a toujours été le même : du parc forestier direction le Ouen Toro. Mais, depuis que le forêt sèche est apparue au Mont Vénus, « ils font une ici avant d’aller au Ouen Toro », remarque Francis Funel.
Commentaires
Enregistrer un commentaire